PAR LATIFA ABADA
L’industrie du livre a connu ces dernières années des bouleversements considérables grâce au numérique. Qu’ils soient auteurs, éditeurs ou imprimeurs, les acteurs du monde de l’édition utilisent les technologies nouvelles.
Commerce électronique, livre audio, bibliothèque numérique. L’avenir du livre est-il technologique ? Un débat au salon international du livre d’Alger a réuni des intervenants du monde du numérique afin de discuter des avantages de la dématérialisation du monde de l’édition.
La conférence intitulée « la numérisation au service de l’édition » a réuni un panel d’intervenant composé de Noureddine Achoui, représentant de CBS, Salah Chebaro des éditions Nil et Euphrat du Liban, et l’universitaire Kamel Battouche.
Fervent défenseur du livre numérique, Salah Chebaro est le représentant de la plateforme numérique » Nil et Euphrat « . Avec plus de 600.000 livres en papier et 20.000 livres électroniques, la plateforme est classée comme étant la plus grande dans le monde arabe.
« Nous avons commencé cette aventure avec la vente de livres sur internet. De cette expérience nous avons constaté une grande difficulté dans la distribution et la vente de livres dans le monde arabe. Le plus grand problème est le coût du transport qui est très élevé. Cette solution a permis au livre arabe de dépasser les frontières de son pays et a
réduit la distance géographique entres les pays arabe », explique Salah Chebaro.
L’intervenant estime que ce saut vers le livre numérique a un impact positif sur le coût et l’accès au livre. Il affirme que le prix est inférieur à celui du livre physique, et grâce aux plateformes il est possible de trouver des livres anciens et en quantité.
« Le livre électronique donne la possibilité d’effectuer une recherche dans le livre, agrandir et réduire l’écriture, le lier à un dictionnaire pour la définition des mots et bien d’autres avantages qui confirme le saut qualitatif qu’apporte le numérique », ajoute-t-il.
Le numérique impulse-t-il la fin du livre papier ? Selon Salah Chebaro, le livre papier
est toujours en tête dans le monde de l’édition. Le livre représente en Europe et en
Amérique 60% des ventes. Le livre électronique et le livre audio ne représentent que
20% chacun.
Qu’en est-il de l’expérience algérienne ?
En Algérie, des initiatives confirment la volonté de prendre ce tournant numérique. Ceci dit, il ne suffit pas de le vouloir, il faut aussi disposer de fonds qui permettent d’accompagner cette mutation. Noureddine Achoui, représentant de l’entreprise Système Algérie, indique que le coût reste élevé.
Système Algérie est une entreprise dont le rôle est de fournir des solutions matérielles via des scanners et des solutions logicielles pour pouvoir dématérialiser l’analogique vers le numérique. L’intervenant donne l’exemple de l’école nationale supérieure des sciences de la mer et de l’aménagement du littoral qui est un exemple concret de dématérialisation de bibliothèque.
« C’est le cas le plus avancé en Algérie. L’école a numérisé plus de 500 ouvrages pour ses étudiants. Grâce à des comptes d’accès, les étudiants n’ont plus besoin de se déplacer en bibliothèque. Cette numérisation doit se faire avec les étudiants afin de déterminer les documents à numériser en priorité », rappelle Noureddine Achoui.
Il y a également le projet Majlis Com, première plateforme numérique algérienne et dans le monde arabe permettant de gérer et d’animer des événements scientifiques et de les relier à diverses plateformes académiques internationales. L’universitaire Kamel Battouche explique que cette initiative a pour objectif d’atteindre le zéro papier dans l’organisation d’évènements en Algérie.
« La plateforme se charge notamment d’organiser des séminaires à distance. Elle dispose également d’un entrepôt de données. Les organisateurs d’évènements peuvent introduire le thème de leur séminaire et la plateforme pourra leur proposer des intervenants nationaux et internationaux. La solution la plus intéressante de cette solution numérique est la capacité à promouvoir les publications scientifiques », détaille Kamel Battouche.
Travailler avec les acteurs de l’industrie de l’édition
Pour Nourredine Achoui, la numérisation d’un ouvrage se fait en collaboration avec l’auteur, l’éditeur et le distributeur. Le premier acteur de cette chaîne est l’auteur. « On distinguera deux types d’auteurs, celui qui vient tout juste de publier son livre et en général il le publie directement en numérique.
Le deuxième type d’auteur, il a généralement plus de 20 ans, et ils souhaitent le republier en version numérique », souligne-t-il. Quand un auteur veut publier un livre en numérique, il le confie à un éditeur et ce dernier à aussi moderniser son processus grâce au numérique, informe Nourredine Achoui.
Ensuite vient le distributeur. Son métier de base est de distribuer les livres de manière classique en bibliothèque. Avec les changements numériques, il y a une nouvelle façon
de faire ce travail. « Maintenant, on propose des solutions de mise en ligne de livres dont
l’accès est déterminé par un système d’abonnement ou de commerce électronique », ajoute-t-il.
Le dernier acteur de cette chaîne est le lecteur : le grand public et l’étudiant. Malgré ces avancées technologiques, le livre continue de s’imposer dans le monde. Les intervenants s’accordent à dire que c’est le dernier acteur de la chaîne qui décide de l’avenir du livre, à savoir le lecteur. Pour le moment, le livre papier et le livre numérique cohabitent.
L. A.