La situation financière de la caisse nationale des retraites (CNR) est entrée depuis plusieurs années dans une crise prolongée et un constat sans appel. Pour l’année en cours, la situation semble se stabiliser et même s’améliorer selon les chiffres annoncés par la tutelle.
PAR NABIL MANSOURI
Chiffres à l’appui, le ministre du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale, Fayçal Bentaleb, estime que la caisse des retraites est enfin entrée dans la phase de stabilisation de sa situation financière dont elle souffrait depuis des années, suite au fort ralentissement économique qu’a connu le pays au cours des années passées et qui a plombé les ressources.
S’exprimant lors d’une réunion nationale qui a rassemblé hier les directeurs des agences locales de la caisse nationale des retraites, au centre familial de la Cnas à Alger, le ministre a indiqué qu’en consultant les chiffres de l’année dernière de la Cnas, « on remarque que les recettes ont eu un impact positif sur la caisse nationale des retraites (CNR) réduisant le déficit financier dont elle souffrait durant des années ».
De 600 milliards DA en 2019 à 380 milliards DA en 2023
Bentaleb a affirmé que « le déficit estimé à 420 milliards de dinars sera réduit cette année 2023, qui va se clôturer avec un déficit de 380 milliards DA ». Selon le ministre, « dans la continuité de ces efforts, nous allons pouvoir, au cours des années à venir, effacer ce déficit et réaliser l’équilibre financier de la caisse des retraites ».
À ce propos, le ministre a souligné que « garantir l’équilibre financier de la CNR demeure d’actualité, et sa consécration nécessite la mobilisation de tous les moyens humains et matériels du secteur, dans le cadre d’une vision globale et intégrée visant à atteindre les objectifs tracés pour préserver et renforcer les systèmes de sécurité sociale et de retraite ».
En 2020, le gouvernement avait indiqué que le déficit de la caisse nationale des retraites, qui a commencé en 2013, a atteint en 2019 plus de 600 milliards de dinars et pourrait arriver à plus de 1090 milliards de dinars à l’horizon 2030, « si des réformes structurelles ne sont pas apportées au système des retraites ».
Une bonne partie des cotisants de la CNR a été perdue suite aux départs massifs des travailleurs en préretraite avant l’âge légal de 60 ans, avant que la réglementation ne bloque l’opération en 2016, enregistrant pour la dernière année de son application près de 300.000 dossiers de départ.
Malgré cela, le déficit de la CNR a continué à augmenter avec une moyenne de 100 milliards DA chaque année, allant d’un déficit de 250 milliards de DA en 2015, à environ
350 milliards de DA en 2016, ensuite à 470 milliards de DA en 2017 et à 560 milliards de DA en 2018, pour se stabiliser à 610 milliards de DA en 2019.
Pour faire face à ce déficit, la CNR a bénéficié de plusieurs mesures décidées par les pouvoirs publics, notamment une augmentation de 1% de la quote-part des cotisations de la CNR qui est passée à 18,75%, des mesures de compensations financières des caisses de la sécurité sociale en plus d’un taux de 1% de la fiscalité douanière, ainsi que des aides et des prêts du fonds national d’investissement (FNI).
600 milliards de dinars pour augmenter plus 3 millions de retraités
Sur un autre plan, le ministre du travail a souligné la volonté de l’Etat d’offrir une assistance optimale à la catégorie des retraités et des ayants droit, en reconnaissance de leurs contributions à la construction des institutions, à l’éducation des générations et au développement de l’économie nationale.
Dans ce sens, Bentaleb a rappelé les mesures législatives encadrant les primes de retraite, qui se reflètent dans les cotisations annuelles approuvées par le président de la République, qui consiste en un minimum d’allocation de retraite d’au moins 75% du salaire minimum national garanti (15.000 DA) et a augmenté la pension minimum à 100%, soit 20.000 DA sur le salaire minimum national garanti.
Dans ce cadre, le ministre a révélé qu’environ 3,8 millions de retraités ont bénéficié de ces augmentations, pour lesquelles le trésor public ainsi que les organismes de sécurité sociale ont alloué une couverture financière de 600 milliards de dinars au cours de la période 2020-2023.
Par ailleurs, le premier responsable du secteur a estimé que la mise en place d’un dispositif d’inscription volontaire au système national de retraite, au profit de la communauté nationale à l’étranger, « reflète le souci de l’Etat à garantir le droit à la retraite de cette catégorie de la société algérienne ».
N. M.