Gazoduc Transsaharien Nigeria-Europe : Nigeria, Niger, Algérie, Europe

Gazoduc transsaharien : Mohammed VI revient à la charge

La guerre en Ukraine a durement impacté l’approvisionnement de l’Europe en gaz. Ce continent a donc pris conscience de la nécessité d’assurer des sources d’approvisionnement fiable. Pour y arriver, il s’est tourné vers l’Afrique. Sur ce continent, le Nigeria, l’un des plus grands producteurs mondiaux de gaz, est à même de fournir l’Europe en quantités aucunement négligeables. Cependant, pour ce faire, il va falloir construire un gazoduc long de quelques milliers de kilomètres. C’est le projet de gazoduc transsaharien. Par quel pays passera le gaz nigérian, via l’Algérie ou via le Maroc ? Et la question ne semble pas être résolue même si l’Algérie a pris des longueurs d’avance. 

En effet, en plus de la crise dans laquelle ont sombré les relations entre l’Algérie et le Maroc, le projet de ce gazoduc transsaharien représente un enjeu majeur pour les deux pays. La bataille est donc acharnée pour bénéficier de ce projet énorme. Cependant, il faut dire que sur le plan du coût, l’Algérie est la mieux placée. Si le Nigeria, le premier concerné par la question, décide d’opter pour le Maroc, il va devoir investir quelque 25 milliards de dollars avant que les premiers souffles de gaz n’atteignent l’Europe. Il faut également attendre au moins 8 ans avant que le projet n’arrive à terme. Les coûts monstrueux du projet ainsi que sa durée peuvent bien pencher la balance du côté de l’Algérie, elle aussi, fortement intéressée par le gaz nigérian. 

L’avantage de l’Algérie dans le projet de gazoduc transsaharien

Le choix de l’Algérie réduit considérablement les coûts, mais aussi la durée de réalisation. De ce côté de la face sud de la Méditerranée, le gazoduc ne sera long que de quelque 4.000 kilomètres. Question coût, le gazoduc transsaharien sera beaucoup moins cher que celui qu’on voudrait faire transiter par le Maroc. Selon des estimations datant de 2009, il nécessiterait une dizaine de milliards de dollars et beaucoup moins de temps. Ainsi, sur le plan chiffres – distance, coûts et durée de réalisation –, l’Algérie l’emporte largement sur le Maroc.

Toutefois, le Maroc ne lâche pas prise. Il compte toujours sur ce projet de gazoduc transsaharien, déjà pour son approvisionnement en gaz, mais aussi pour son intérêt géostratégique. Le roi marocain a d’ailleurs abordé ce projet dans son discours du 6 novembre 2023, à l’occasion de la commémoration du 47e anniversaire du lancement de la Marche verte en 1975. Une marche vers le Sahara Occidental pour mettre la communauté internationale devant le fait accompli, refusant ainsi de laisser le choix aux habitants de ces territoires occupés de disposer de leur indépendance. Pour revenir au projet du gazoduc transsaharien, Mohammed VI a déclaré dans son discours :« Nous œuvrons, de concert avec nos frères en Afrique et l’ensemble de nos partenaires, à l’élaboration de réponses pratiques et efficientes, adossées à la coopération internationale. C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet stratégique du gazoduc Maroc-Nigeria, considéré comme un levier d’intégration régionale visant à réunir les conditions d’un décollage économique commun ». Cette déclaration révèle que le Maroc tient toujours à ce projet malgré le fait que l’Algérie a fait de grands pas dans ce projet.

Source : Maghrebe

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