ChatGPT et Intelligence Artificielle : au cœur de la révolution de la Fintech en Afrique « Une Tribune d’Ismaël Cissé, expert en Finance et en technologies de l’information, CEO de Sirius Capital »
L’actualité récente met en lumière de plus en plus d’applications concrètes de l’intelligence artificielle (IA). Cette technologie est utilisée pour la création automatisée d’avatars, la génération d’images, et même dans des domaines complexes tels que l’analyse de risques, la détection de fraude, les relations clients et l’apprentissage. L’IA impacte désormais tous les secteurs, et la fintech pourrait être le premier secteur à en bénéficier en Afrique.
Il y a encore quelques années, les concepts de l’intelligence artificielle (IA) et des technologies financières (Fintech) étaient encore nouveaux pour les non-initiés. Cependant, au cours de la dernière décennie, ces innovations ont profondément bouleversé les habitudes et comportements dans le monde des affaires, de la finance et de la relation client. Aujourd’hui, elles cristallisent l’attention, suscitent des passions et des spéculations. Le lancement de ChatGPT, par la start-up OpenAI le 30 novembre 2022, a eu un effet boule de neige. En quelques jours seulement, le service a réussi à attirer plus d’un million d’utilisateurs.
Le programme d’IA a déjà impressionné les utilisateurs et la communauté en ligne par sa capacité à imiter le langage et les styles de parole humains, tout en fournissant des informations cohérentes. Cette innovation touche même les fondements de notre société, au-delà de son aspect technologique. ChatGPT sort la population de sa tour d’ivoire et met fin à ses craintes d’un monde robotisé et automatisé.
Transformation du secteur financier
Mais au-delà de tout, des secteurs tout entiers sont en passe d’être transformés, voire sont déjà en mutation. Celui de la finance, et surtout la fintech, bonifiée ces dernières années par les fonds de capital-risque, tient le haut du pavé.
Si la fintech et l’IA remodèlent l’avenir de la finance, la pandémie de COVID-19 a accéléré ce processus transformationnel. La digitalisation en cours des services financiers et de l’argent crée des opportunités pour de nouveaux services financiers plus inclusifs et efficaces. Elle transforme rapidement le paysage du secteur financier et brouille les frontières entre les entreprises financières et le secteur financier. L’IA est en train de modifier la qualité des produits et services proposés par le secteur financier. Elle fournit non seulement de meilleures méthodes pour traiter les données et améliorer l’expérience client, mais elle simplifie, accélère et redéfinit également les processus traditionnels pour les rendre plus efficaces. Ces changements de paradigme ont bien sûr des implications diverses.
ChatGpt pour démocratiser les services financiers
Le continent africain, qui a longtemps été à la traîne sur plusieurs enjeux de développement, n’échappe pas à la prochaine révolution actuelle unique en son genre, mais disruptive, ipso facto. ChatGpt, bien qu’il ne soit ni l’alpha, encore moins l’oméga de l’IA, peut tout de même être considéré comme un véritable game changer. Son approche de démocratiser un des use cases de l’IA – la conversation – ouvre des horizons métier inouïs dans le secteur financier pour ce que certains appellent « l’intelligence augmentée », d’abord en tant qu’outil de productivité, mais surtout en tant qu’instrument d’aide à la décision.
L’essor de ChatGPT dans la fintech est un développement passionnant qui pourrait avoir un impact significatif sur l’inclusion financière en Afrique. Les fintechs sur le continent se concentrent essentiellement sur les services financiers pour les populations non bancarisées, en s’appuyant notamment sur le mobile, plus accessible. ChatGPT, en tant que technologie de traitement du langage, peut jouer un rôle clé dans l’amélioration de l’efficacité de ces services et dans l’expansion de leur portée à travers la création de nouvelles gammes de fonctionnalités. Les fintechs africaines commencent à s’appuyer de plus en plus sur l’IA et ses capacités d’apprentissage automatique pour traiter et comprendre les données et prendre des décisions sur des questions telles que la solvabilité, la détection et la prévention des fraudes et le support client.
Sur ce dernier palier, les chatbots et les assistants virtuels offrent aux clients un accès 24/7 à des informations et une assistance, améliorant ainsi l’expérience client et augmentant la satisfaction. Plusieurs acteurs majeurs ont déjà mis le pied à l’étrier sur le continent et les premiers résultats sont encourageants.
IA et la finance africaine, un mariage d’avenir
Cependant, ChatGpt n’est ni le début ni la fin de l’IA. Au-delà du joyau d’OpenAI, l’Intelligence artificielle en elle-même est un compagnon indissociable de la finance de demain, et de la fintech en particulier.
Les technologies telles que la Blockchain, le Big data ou l’IA ont fait des données le bien le plus précieux des entreprises de services financiers. Aujourd’hui plus que jamais, ces entreprises sont conscientes des solutions innovantes et rentables qu’offre l’IA, et comprennent que la taille du bilan, bien qu’importante, ne sera plus suffisante à elle seule pour construire une entreprise prospère.
D’une part, l’IA apporte aux entreprises des capacités supplémentaires en matière d’analyse de données clients, ce qui leur permet de mieux comprendre les besoins et les comportements de leurs clients, afin de leur offrir des services plus pertinents, mieux ciblés et hautement personnalisés. La capacité de prédire le comportement futur des clients, comme la probabilité qu’un client ne rembourse pas un prêt ou effectue un achat, sera décisive pour l’entreprise et la banque de demain.
Par ailleurs, l’IA joue également un rôle important dans la détection et la prévention des fraudes, face à l’augmentation alarmante des cas de fraude et à l’évolution constante des schémas de fraude. Les recherches ont permis d’améliorer l’optimisation des algorithmes de segmentation et de reconnaissance pour renforcer et accélérer l’identification de schémas transactionnels non détectables auparavant, d’anomalies dans les données et de relations suspectes entre des individus et des entités. Cela ajoute une couche de solidité et de précision supplémentaire aux systèmes traditionnels de surveillance des transactions, permettant ainsi aux entreprises des secteurs financiers d’économiser de grosses sommes d’argent.
En outre, l’IA a le vent en poupe dans le secteur du conseil financier. Les robo-advisors alimentés par l’IA fournissent aujourd’hui des conseils financiers personnalisés aux clients en fonction de leur situation financière individuelle et de leurs objectifs, développés par les start-up de la deeptech. C’est un développement remarquable qui peut être particulièrement bénéfique pour les clients plus jeunes ou moins aisés qui n’ont peut-être pas accès à des conseillers financiers traditionnels.
Au vu des possibilités inouïes et des développements futurs prometteurs que l’on peut anticiper, il est crucial de continuer et d’intensifier les investissements dans les domaines de l’IA en Afrique, de développer et structurer le secteur. Car même si elle est encore à un stade embryonnaire, il devient de plus en plus évident que l’IA jouera un rôle important dans l’industrie financière et, d’ailleurs, dans tous les domaines de l’économie. Certes, l’empathie et l’intelligence sociale donnent encore une longueur d’avance aux humains, mais pour combien de temps ?