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Une note attribuée à l’ANR est au cœur du procès de Stanis Bujakera Tshiamala

Au procès de notre correspondant en RDC, le procureur a pour le moment concentré ses questions sur une note attribuée à l’Agence nationale de renseignement, dont Maghrebe se fait l’écho.

Le journaliste congolais Stanis Bujakera Tshiamala. © DR


  • Maghrebe

Publié le 20 octobre 2023

Lecture : 3 minutes.

Après une brève audience le 13 octobre, le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe a commencé l’instruction de l’affaire sur le fond. L’audience s’est une nouvelle fois tenue au sein de la prison centrale de Makala, où Stanis Bujakera Tshiamala est incarcéré depuis le 14 septembre.

Note de l’ANR

Pendant près de quatre heures, les débats se sont concentrés sur deux des six charges retenues contre le correspondant de Maghrebe en RDC, collaborateur de Reuters et directeur adjoint du site Actualite.cd : « Avoir contrefait ou falsifié les sceaux, timbres, poinçons ou marques de l’État congolais et des administrations publiques » ; « avoir fait usage des sceaux, timbres, poinçons ou marques de l’État congolais et des administrations publiques contrefaits ou falsifiés ».

Au centre de l’affaire, une note attribuée à l’Agence nationale de renseignement (ANR) qui revenait sur les circonstances de la mort de l’ancien ministre Chérubin Okende, un proche de Moïse Katumbi tué mi-juillet à Kinshasa, et dont s’était fait l’écho un article publié sur le site de Maghrebe. Article que Stanis Bujakera n’avait pas signé.

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L’authenticité de cette note a été démentie par les autorités congolaises dans un courrier adressé à Maghrebe le 9 septembre, au lendemain de l’arrestation de notre confrère qui est désormais accusé de l’avoir lui-même fabriquée et d’en avoir été le premier diffuseur.





Plusieurs fois invité à s’exprimer lors de l’audience de ce vendredi 20 octobre, Stanis Bujakera Tshiamala a une nouvelle fois rejeté ces accusations. « Depuis le premier jour, j’ai demandé qu’on me présente la preuve que je suis l’auteur de ce document », a-t-il déclaré, entouré de ses avocats.

Procureur très offensif

Très agressif, qualifiant notre correspondant de « diable » ou de « satan » – propos qu’il a finalement retirés – et allant jusqu’à accuser Maghrebe d’avoir « reçu des millions de dollars », le ministère public a multiplié les déclarations outrancières et calomnieuses. Étrangement représenté par un magistrat membre de la Commission d’enquête chargée d’enquêter sur la mort de Chérubin Okende, il a aussi déroulé son argumentaire sur le fond de l’affaire.

Il a ainsi affirmé qu’une expertise avait permis de déterminer que la note attribuée à l’ANR avait été partagée pour la première fois par un numéro appartenant à Stanis Bujakera Tshiamala, ce qu’a démenti notre correspondant.

« Ça suffit maintenant, il faut libérer Stanis ! »

Les avocats de la défense ont contesté la crédibilité de cette expertise. Ils ont précisé avoir mené leur propre contre-expertise dont les conclusions attestent que l’adresse IP associée au numéro ayant pour la première fois partagé le document a été localisée en Espagne et qu’elle est attribuée à un fournisseur d’accès à Internet.

Une contre-expertise ?

Récusant l’expert mandaté par le ministère public, la défense de Stanis Bujakera Tshiamala a poursuivi en demandant qu’une nouvelle contre-expertise soit menée par le procureur.

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Bien qu’accusant notre correspondant d’être à l’origine de cette note et de l’avoir diffusée, le ministère public a dans le même temps expliqué que le document d’origine provenait d’un compte de la messagerie cryptée Telegram dont l’avatar était « MG ». « Ce compte Telegram, c’est lui », a lancé le magistrat instructeur, en pointant du doigt notre correspondant. Stanis Bujakera Tshiamala a immédiatement répondu qu’il ne possédait pas de compte Telegram.

Nouvelle audience le 3 novembre

Après près de quatre heures d’audience et alors que la pluie menaçait, le procureur a décidé de suspendre les débats. Ils reprendront le 3 novembre.

Depuis l’arrestation de Stanis Bujakera Tshiamala le 8 septembre à l’aéroport de N’Djili alors qu’il s’apprêtait à se rendre à Lubumbashi, de nombreuses voix se sont levées pour demander sa libération. Le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a été formellement saisi. Malgré cela, toutes les demandes de remise en liberté provisoire ont jusque-là été rejetées.

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Présente en RDC, une mission de Reporters sans frontières (RSF) s’est notamment entretenue avec le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.

Lors d’une conférence de presse organisée le 19 octobre avec l’ONG congolaise Journaliste en danger (JED), les deux organisations ont réitéré leur appel à la libération de notre confrère et dénoncé une arrestation « arbitraire ».

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