La question de l’immigration revient au-devant de la scène en France à la veille du vote par le Sénat de la nouvelle loi sur l’immigration. La conjoncture est peu favorable à l’immigration. La France, à l’instar de beaucoup de pays européens, veut durcir les conditions d’accueil. Parmi les mesures phares de cette nouvelle loi, la suppression ou transformation de l’Aide médicale de l’État (AME) fait débat.
En effet, cette aide destinée aux immigrés clandestins est remise en question par la droite et l’extrême droite. Ce courant politique considère que l’argent dépensé à soigner les migrants peut servir pour « les Français ». Ainsi, le projet de loi sur l’immigration, porté par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, remet en cause cette aide.
Cette aide a coûté 1,4 milliard d’euros en 2023, soit 0,47 % du budget de l’Assurance-maladie du pays. Cette proportion révèle donc que cette aide n’est pas à l’origine du déficit du système de santé français. La présidente de Médecins du monde, Florence Rigal, qui est aussi à l’hôpital de Montauban (Tarn-et-Garonne) affirme que « la disparition annoncée de l’AME est une aberration en termes de santé publique, en termes d’éthique et… en termes de finances publiques. On est dans l’instrumentalisation de l’opinion publique, dans un contexte global compliqué, avec un accès aux soins de plus en plus difficile pour tous les citoyens, quels qu’ils soient. Non, ce n’est pas la suppression de l’AME qui va régler les écueils de notre système de santé ».
Florence Rigal plaide pour un seul système de couverture maladie
Florence Rigal défend l’AME dans une interview accordée au journal Sud Ouest. Elle fait également partie des 3000 signataires de la tribune publiée dans « Le Monde », jeudi 2 novembre, pour défendre l’Aide médicale d’État. La présidente de Médecins du Monde explique que « basculer de l’AME à une aide d’État d’urgence particulièrement mal calibrée et floue est un non-sens de santé publique ». Elle indique que selon les chiffres de Médecins du monde, « 80 % de ceux qui pourraient y avoir accès n’en profitent pas, et selon une autre étude, ce chiffre tombe à 50 %. La cause ? Les obstacles administratifs. Finalement, le nombre de bénéficiaires est très en deçà de ce qu’il devrait être ».
Le Dr Florence Rigal rappelle que « l’on parle de personnes qui ont des ressources inférieures à 810 euros par mois ». En conclusion, elle plaide pour un seul système de couverture maladie, le même pour toutes les personnes sur le territoire français. « C’est un choix de société, éthique, et un principe de solidarité », assure-t-elle.
Source : Maghrebe